USANT: CE POTE QUI NE SORT JAMAIS UN BIF.

Putain, j’ai oublié ma CB.

Vous l’aimez, ce gars-là. Il fait partie de votre équipe depuis toujours.
C’est un ami, toujours enclin à rire à vos côtés.
Mais il y a un problème de taille, que nul ne saurait plus ignorer : il a des oursins en poche. C’est une pince coupante. Il est radin, tout simplement.
Si seulement c’était conjoncturel, ça ne serait pas si grave, on a tous des mauvais passages financiers. Et dans ces cas-là, on est bien contents de se faire offrir un demi par un poto. Y’a pas de souci, cousin.
Mais lui, c’est différent. C’est structurel. Il ne veut pas payer des choses, tout simplement. Ou alors, à de très rares exceptions, quand il est vraiment bloqué, en faisant une grimace de douleur qui fait peine à voir.
On ne parle même pas d’inviter, de payer son coup, cela relève de la science-fiction le concernant. Non mais, même pour lui, le gars a du mal à lâcher de l’oseille !
Pourtant, il bosse, il gagne sa vie, pas moins qu’un autre en tout cas.
C’est triste.
Et en tant qu’ami proche, cela pose vite des problèmes.
Déjà, c’est exaspérant. La radinerie est vraiment un des défauts les plus dégueulasse, les plus mesquin qui soit. C’est si bon d’agir en grand seigneur, de régaler les potos, que ceux que ça dégoûte, qui ont l’impression de se faire baiser quand ils paient pour les autres, sont nécessairement des mange-merde.
Et puis cela limite les activités possibles, également. Et même si elles n’ont rien de spécialement luxueuses. Le gars n’est chaud que pour la gratuité, ou le meilleur rapport qualité/prix trouvable. L’enfer. Addition au restau, entrée de boîte de nuit, bouteilles, taxis, billets de train ou d’avion, drogue achetée à plusieurs…c’est toujours trop cher pour lui. Il ne veut pas. C’est non. Ca l’énerve. N’ayant visiblement pas intégré que nous vivions dans un monde où tout se paie, et particulièrement les loisirs, le mec dit donc non à la vie.
On pourrait croire que ce triste sire ne trouverait jamais de meuf, avec cette attitude de pousse-mégot. Et pourtant si. Il a tout simplement trouvé une go aussi pince que lui ! Ainsi, à eux deux, ils créent une petite équipe soudée qui lutte au quotidien contre la vie chère, en comptant absolument tout et tout le temps, parce qu’un sou est un sou. Le cauchemar.
Alors, que faire ? Faut-il cesser de le fréquenter pour autant ? La vie est-elle trop courte pour s’entourer de gens aussi obsédés par l’argent ? À voir.
Généralement, c’est justement la vie qui se charge de vous séparer. Puisque le gonze n’est jamais chaud pour rien, on finit par arrêter de lui proposer des trucs, tout simplement. Mais pour le reste, il peut rester un bon compagnon. C’est juste qu’il faudra se résigner à le voir chez lui, peut-être pour y fumer un joint et y boire une bière que vous aurez ramené ?

Allez, bonne chance.

Sweat coin-coin