COMMENT LA COKE EST DEVENUE LA DROGUE DES BEAUFS

Un peu comme les ecstas, la coke est désormais totalement ringardisée, et en consommer n’a plus rien de stylé. Tant mieux, mais pourquoi ?

Fut une époque où quand tu sortais un petit képa dans une soirée, tu avais d’un coup plein de copains, qui espéraient secrètement que tu leur ferait bénéficier de tes largesses au hasard d’une pièce qui ferme à clef. « Être équipé » faisait de toi un mec festif, subversif, adulte. En gros, opé. Et puis les années ont passé. Aujourd’hui, le cocaïnomane est souvent regardé de travers, comme un mec glauque, has been, presque chelou. Si on peut évidemment s’en féliciter, on peut aussi se demander ce qui s’est passé. Comment la chnouf, jadis apanage des pubards, des gens du show biz et autres fêtards et noctambules, est-elle devenue la drogue des loosers ?
Probablement parce que sa consommation s’est démocratisée à l’extrême. Les dealers se sont multipliés, la qualité a baissé, les prix avec. Peu à peu, tout le monde s’est mis à en prendre. Des gens qui n’avaient rien à voir avec la choucroute se sont mis à sniffer, sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. Des minettes, des cailleras, des darons, des lycéens, des prolos, des bourges, toutes les catégories socio-culturelles ont commencé à se taper des poutres. Résultat, l’image plutôt glamour du produit s’est complètement effacée. L’un des plaisirs quand on prend une drogue, outre son effet, est aussi cette impression de faire quelque chose d’interdit, de différent des autres. Mais si tous les peigne culs de la soirée ont déjà les yeux grands ouverts et parlent sans s’arrêter, cela ne donne qu’une envie : ne surtout pas leur ressembler. Et donc ne pas consommer la même chose qu’eux.
Surtout que ces gens, qui n’étaient absolument pas destinés à se droguer de par leur mode de vie très classique, font souvent ça comme des sagouins. Complètement dépassés par ce qui leur arrive, ils tapent à des heures ou dans des endroits improbables. Sans aucune règle, sans aucun panache ni élégance. Quoi de pire que de débouler dans une pièce, où six personnes sont agglutinés autour d’une table, à se parler de trucs incroyablement nuls très près du visage, persuadés dans leur défonce qu’ils ont en train de réinventer l’eau chaude ? Et que penser de ces gens qui s’isolent aux chiottes avant le repas et qui ne touchent pas leur assiette, trop occupés à renifler et à convaincre quelqu’un de refaire un tour avec eux aux toilettes? Enfin, il reste ceux qui tapent au taf. Eux, clairement, ont touché le fond.
Alors, oui peu à peu, les sniffeurs du début des années 2000 ont pour la plupart lâché l’affaire avec cette drogue qui rend chiant, non sans que la qualité de leur visage en pâtisse, il est vrai.
Mais il y a aussi qui n’ont jamais réussi à décrocher. Qui appellent encore des dealers le lundi soir, qui ne peuvent pas envisager de s’amuser sans, et qui claquent encore plein de bif là-dedans…Eux, regardez-les bien. Ils sont dégoûtés. Dégoûtés d’être resté dans un train dégueu dont tout le monde est descendu, dégoûtés de s’être fait baiser à ce point-là par le produit, dégoûtés d’être des beaufs de la came, tout simplement.
Encore une fois, et parce qu’on aime bien finir par un conseil, privilégiez une bonne chirave à l’alcool, c’est bien plus légal quoique pas forcement moins cher. Et si vraiment vous voulez rigoler un peu plus que d’habitude, pourquoi ne pas saupoudrer votre verre d’un truc un peu amer ?
Bonne chance !

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