Avant, on en voyait plein. Mais, à force de se faire chambrer ou péter la gueule, ils se font de plus en plus rares. Dommage !
Mais où sont passés les rastas blancs ? Ces jeunes issus des classes moyennes, qui poussaient leur passion pour l’herbe et le reggae au paroxysme, étaient pourtant sympathiques. Malgré l’animosité qu’ils provoquaient un peu partout, ils allaient au bout de leur passion et de leur esthétisme douteux, et ça, c’était courageux.
Car quand on s’appelle Christophe, que l’on a grandi dans un pavillon en périphérie de Limoges, et que l’on croit à Jah, cela ne doit pas être facile tous les jours. Tu exaspères tes parents, tu te mets à dos le marché du travail, les blancs te raillent et les noirs te méprisent…
Mais Dieu merci, il te reste ta musique, ton bang, et ton djembé. Et surtout, ta foi. La conviction que Haïlé Sélassié était bien le Roi des Rois, Bob Marley un messie, et autres conneries de cet ordre. Car il n’y a pas vraiment le choix. Un peu comme le seul blanc dans un gang se doit d’être le plus taré pour exister, le rasta blanc ne peut pas se permettre de badiner. Il doit écouter le reggae le plus roots, dire « peace » une centaine de fois par jour, et rester calme en toutes circonstances. Certains adoptent même un drôle d’accent franco-jamaïcain pour s’exprimer. Mais ce qui est très bizarre, c’est que ces gens-là ne se cautionnent pas entre eux. Conscients de leur illégitimité, et de leur nécessité à traîner avec des renois, rien n’insupporte plus un rasta blanc qu’un autre rasta blanc. Allez leur demander qu’ils pensent de Pierpoljak et de sa musique. Ils vous répondront que c’était de la daube commerciale, que le mec était un imposteur, etc…C’est quand même incroyable de vivre dans un tel paradoxe.
Et puis, la pression sociale est devenue trop forte. Bien que leurs convictions soient diamétralement opposées, on peut rapprocher le phénomène avec celui des skinheads. Avant il y avait des skins, mais maintenant il n’y en plus, parce que c’est trop dangereux. Un mec qui affiche ses penchants nazis ne tient pas 20 minutes sans se faire défoncer dans une ville française de 2012. Et tant mieux. Et pour les rastas babtous, même si c’est assez injuste parce qu’ils sont sympas, c’est un peu la même chose. Régulièrement agressés, malmenés, humiliés et surtout repoussés par les rastas noirs et même les noirs tout court, ils semblent avoir jeté l’éponge. Cela correspond aussi, peut-être, avec l’évolution actuelle de cette musique. La scène New-School jamaïcaine n’a plus grand chose de « peace », et s’illustre dans ses lyrics par sa violence, son racisme anti-blanc et son homophobie latents. Quant au reggae -roots, il est devenu un truc vaguement folklorique, un peu comme le disco ou la country. Preuve en est de ces bonnets avec de faux dreadlocks cousus que l’on trouve dans les boutiques de souvenirs les plus trashs.
Tout ça ne laisse pas une grande marge de manœuvre à Christophe de Limoges, il faut bien le reconnaître.Mais pour ceux qui ne veulent pas lâcher l’affaire, bonne chance à eux. Peace.